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12 décembre 2006

Crash by David Cronenberg

Hey it's been a long long time mais je poste vite fait hein, comme j'ai *théoriquement* un creux de quelques minutes dans mon over-bookage, je mets un keutru que ça va vite à mettre parce que c'est déjà rédigé.

Voilà voilà, c'est donc la -mini- analyse du film Crash de 1996, et donc de Cronenberg, réalisateur douteux s'il est est haha, moi je crois que j'aime en fait mais je sais pas trop je connais pas encore assez bien (mais eXistenZ c'est bien, MARDE!).

En fait c'est plutôt un compte-rendu de séance/débat qu'une vraie analyse sincère from ma personne, parce que je crois (je suis même sûre) que j'aurais jamais eu toutes ces idées toute seule.
Bien sûr c'est mieux d'avoir vu le film pour comprendre la critique mais HEY! peut-être que ça vous donnera envie de le voir. (***ceci-dit ce film est à déconseiller aux gens qui n'aiment pas voir des gros plans de visages tordus par la jouissance... et ce qui les précèdent***)

> pour commencer : bande-annonce, et comme vous êtes sages, le son est même décalé!!

Here we go :

Crash est un film réalisé par David Cronenberg en 1996, d'après le livre de J. G. Ballard. Après avoir écouté le débat, nous pouvons dégager une problématique pour ce film, c'est-à-dire comment raconter une histoire à partir d'une combinatoire ?

En effet le point central de ce film est la démonstration d'une obsession parmi tant d'autres : celle du sexe lié aux voitures. De là le réalisateur va créer un triangle amoureux homme/femme/voiture, et épuiser tous les possibles de ces relations. La voiture est ici présente dans sa forme anthropomorphe, car porteuse de tous les fantasmes et obsessions que la société lui a attribués, et l'homme est dans sa forme mécanique, tel une voiture accidentée, car son corps est toujours blessé, usé, réparé. On retrouve d'ailleurs ici un thème cher à Cronenberg qui est l'aspect futuriste et mutant du corps humain, comme dans la Mouche en 1986 et dans eXistenZ qu'il réalisera deux ans plus tard. Le personnage de Catherine semble d'ailleurs avoir un problème avec le futur quand on la voit décoller par petits morceaux de manière mécanique la vignette 1996-1997 de sa voiture.

Chaque personnage, homme ou femme, fait l'amour dans une voiture avec chaque autre personnage. C'est ce noeud relationnel qui est le véritable sujet du film et non comme il essait de le faire croire "the reshapping of the human body by modern technology", projet élaboré par le personnage de Vaughan, photographe médical obnubilé par les accidents de voitures.

James Ballard (James Spader) et Vaughan (Elias Koteas)

Cette énumération des possibles est aidée par une trame narrative très faible, laissant libre cours aux différentes combinaisons. L'histoire ne s'éloigne jamais trop loin de son sujet central ; il préfère développer tous les possibles et éviter prudemment tous les chemins où le film pourrait s'égarer. On abandonne par exemple très vite la mystérieuse suspicion de la police envers Vaughan concernant la mort, probablement criminelle, d'un piéton. On ne s'étend pas non plus dans le milieu de l'aviation, comme aurait pu le suggérer la toute première scène.

On peut noter la présence de la réplique "maybe the next one baby, maybe the next one", dite par James et Catherine, au début mais aussi à la fin, ce qui nous fait comprendre que même à la fin du film, on n'a rien appris de plus qu'une énumération.


Catherine Ballard (Deborah Kara Unger)

Tout ce qui pourrait gêner le déroulement des combinaisons est éloigné, d'où le côté planant, irréaliste du film. Le monde extérieur aux trois éléments et à leurs rencontres n'intervient jamais ; la police n'intervient qu'anecdotiquement après la simulation de l'accident de James Dean mais n'interrompt réellement rien. Il est d'ailleurs très étonnant que les cascadeurs ressortent indemnes de cette simulation si réaliste du fameux accident mortel.
Une autre scène surréaliste est celle où James, Vaughan et Catherine s'arrêtent sur l'autoroute pour "admirer" le lieu d'un accident de la route. Ici non plus la police ne leur interdit pas l'accès, mais le plus singulier est l'immobilité ou l'extrême lenteur des personnages de la scène, justement tel un "work of art" comme le dit Vaughan, ils sont immobiles comme représentés sur une peinture. Comme à côté d'un monument, Catherine pose à côté de la voiture retournée.

Tout ceci participe au côté fantasmagorique et "hors du réel" du film, qui ne s'égare pas dans un souci de réalisme mais se tient simplement à développer son sujet central : ces combinaisons.

Pour aider cette idée d'énumération, le film a un rythme constant et lent (ce qui pourrait paraître étonnant pour un film dont un des thèmes principal est l'accident de voiture). Les silences sont nombreux et la musique d'Howard Shore est insistante, froide et métallique. Les scènes de sexe sont souvent filmées de façon esthétique, ne sont jamais trop osées et ne sont jamais excessives. Ils n'atteignent justement jamais le point culminant qu'est la jouissance, et s'en remettent toujours à plus tard ("maybe the next one baby, maybe the next one").

Cette idée d'énumération constante est en fait condensée dans les quelques répliques d'une des scènes ; celle où James demande à Helen de finir son histoire, et quand elle continue de lui raconter, nous nous rendons compte que son "histoire" n'était en fait qu'une énumération de ses aventures avec des hommes. Comme le film dans son ensemble, l'histoire est réduite à une liste, à une simple suite d'évènements.


James Ballard et Helen (Holly Hunter)

Toujours d'après son triangle amoureux homme/femme/voiture, après un homme avec une femme dans une voiture, Cronenberg montre une autre facette des combinaisons possibles : il montre que l'accident est l'acte sexuel, autrement dit que la voiture dans sa forme anthropomorphique est poussée à son paroxisme et qu'elle est directement associée à l'osmose de l'homme avec la femme.

L'accident provoque alors une excitation ; on peut clairement le voir quand James et Helen manquent d'avoir un second accident et qu'ils décident, quelques secondes après avoir miraculeusement retrouvé la route, de se trouver un endroit tranquille. De la même manière, quand Vaughan poursuit Catherine en voiture en cherchant l'accident, il est guidé par un désir sexuel, cherche en même temps à lui faire l'amour, jusqu'à ce que James assistant à la poursuite parvienne à le stopper et à protéger sa femme. Il est d'ailleurs essentiel de préciser que si le personnage de Vaughan est aussi attirant (autant désiré par les femmes que par les hommes), c'est uniquement grâce à son corps "accidenté", boursouflé de cicatrices, jusqu'au visage criblé de balafres. Gabrielle en est aussi un exemple flagrant car les longues plaie cicatrisées qu'elle a aux cuisses font ostensiblement penser à des sexes féminins.


Les cicatrice de Gabrielle (Rosanna Arquette)

Une autre démonstration de cette assimilation accident de voiture/acte sexuel est la scène dans le salon (probablement) de Vaughan. Ils regardent alors tous une vidéo sur les essais automobiles, avec des simulations de crash de voitures. On les voit alors complètement absorbés par ces images de violence. Ces "simulations" d'accident sont complètement comparables ici à un film pornographique, un fake. Les crash sont reproduits, comme le sexe est joué, recréé intentionnellement dans le cinéma porno. Tous ont le regard rivé vers l'écran ; quand la bande de la cassette vidéo se bloque, la pression est palpable, et laisse place à la frustation, particulièrement chez Helen, totalement inassouvie, qui veut à tout prix faire redémarrer la cassette. Quand la vidéo se remet enfin en marche, tous sont soulagés, ressentent à nouveau de fortes pulsions sexuelles (s'entre-caressent même). Comme le précise la réplique d'Helen, "I'm alright now", elle retrouve le plaisir grâce à la cassette.

Il est alors logique de constater que James, ayant peur des voitures après son accident, demeure voyeur pendant une grande partie du film. Il dit lui-même "I couldn't face the traffic". Il ne fait plus beaucoup l'amour et se contente de regarder les autres, principalement Vaughan. Dans la dernière scène enfin il cherche l'accident plus ou moins au hasard tout d'abord, pour ensuite se focaliser sur la voiture de Catherine, devenue réticente à ces jeux depuis son expérience avec Vaughan. Il réussit enfin à accidenter la voiture de sa compagne, sans trop se soucier de sa survie, et lui fait l'amour alors qu'elle est encore dans les décombres, ensanglantée. Acceptant à contre-coeur l'acte en lui disant "I'm alright, I think I'm alright", elle laisse le frénétique James assouvir son obsession, alors qu'il clôt le film avec un très amer "maybe the next one baby, maybe the next one".


Catherine et James

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